Liberté de l'autre- Exigence du message chrétien

Publié le par comado

5- Liberté de l’autre et exigence du message chrétien

 

Pour cette  cinquième tension, je me réfère à la conférence de Christian Philibert à Ecclesia 2007. En parlant de l’aîné dans la foi, il a insisté  sur l’écoute de l’autre, de celui qui cherche là où il en est, tel qu’il est. Dans l’accompagnement, il distingue 4 moments importants : le temps de l’écoute,  le temps de la clarification, le temps des propositions et le temps de l’aide à la décision. Je voudrais illustrer ces 4 moments en relisant avec vous l’histoire de l’homme riche dans l’évangile de Marc (Mc 10, 17 à 31).

 

        Voici un homme qui arrive en courant. Qu’est-ce qui le fait courir ? Pourquoi cet empressement ? Dans quelle urgence vit-il ? Ce comportement dénote une impatience, une recherche, une générosité. Il sait vers qui il court puisqu’il se met à genoux en arrivant. C’est un homme qui a une décision à prendre : « Bon Maître, que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en héritage ? ». En langage d’aujourd’hui, on pourrait traduire : « Que dois-je faire pour trouver le bonheur, la plénitude de vie ? » L’homme riche n’est pas complètement désintéressé puisqu’il s’intéresse à ce qu’il pourrait recevoir en retour.

         Jésus en bon accompagnateur stoppe sa course et ne semble pas avoir écouté complètement la requête de l’homme riche. Seuls les deux premiers mots : « Bon Maître… » Jésus semble même repousser la demande : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Nul n’est bon que Dieu seul. ». Jésus veut-il prendre quelque distance. Pour que la liberté puisse se vivre, il est important que l’accompagnateur n’aille pas trop vite. Prodiguer des conseils, indiquer une orientation présenterait le risque d’enfermer l’accompagné dans un seul chemin. Le temps de la décision viendra plus tard.

         Ce passage montre aussi qu’il est important de clarifier la demande, les motivations. « C’est le moment délicat pendant lequel l’accompagnateur invite l’accompagné à descendre en lui-même » (Ch Philibert).

 

         • Dans le travail de clarification, il est bon de vérifier les pré-acquis et les pré-requis. Jésus rappelle les commandements et l’homme réponde qu’il a observé cela dès sa jeunesse. On a l’habitude de parler du jeune homme riche. Ce n’est pas exactement ce que nous montre l’évangile. L’homme a déjà un vécu de croyant. Il connaît les commandement.

         « L’accompagnateur éclaire ce qu’il a entendu à partir de ce qu’il sait et de ce qu’il a vécu, en somme à partir de sa position d’aîné. » (Ch. Philibert).

         La rencontre peut se vivre avec une certaine empathie. L’affectivité n’est pas mise de côté. « Jésus le regarda et se prit à l’aimer ». L’expression « se prit à l’aimer » signifie peut-être que Jésus n’a pas aimé d’emblée cet homme. Il faut du temps, un apprivoisement, une volonté d’aller sur le terrain de l’autre pour comprendre son questionnement, son désir et ses attentes.

         Jésus l’accompagnateur fait faire un déplacement : il était question d’« avoir la vie éternelle » et il se place au niveau de l’être profond. Le plus important dans le récit concerne le besoin et le désir. Le besoin place au niveau du manque (il y a les besoins fondamentaux pour vivre mais aussi les besoins artificiels suscités par la publicité). Jésus d’ailleurs va dans ce sens : « Une seule chose te manque ». Paradoxe ! Pour acquérir ce qui manque, l’homme riche est invité à donner, à se défaire. Bref à creuser le désir profond en lui-même.

 

         • Arrive donc le temps des propositions et de la décision. « Il s’agit naturellement d’ouvrir des possibles ; d’envisager des itinéraires » (Ch. Philibert). C’est aussi le temps où la liberté de choix va s’exercer ?. L’aîné dans la foi propose un chemin exigeant.La suite du récit de Marc évoque tout ce qu’il faudra laisser pour suivre Jésus.  L’accompagné peut refuser d’entrer dans cette perspective. « Mais à cette parole, il s’assombrit et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens »

         Jésus avait proposé de le suivre afin d’obtenir « un trésor dans le ciel ». De quoi s’agit-il ? Quel est ce trésor ? Le mot a de l’importance. Pour nous aujourd’hui il évoque bien sûr un bien précieux, mais aussi une relation affective. Lorsque des parents disent à leur enfant « Tu es mon trésor », ils disent beaucoup au sujet de leur attachement. De même les amoureux.

         Ici le vrai trésor, c’est le Christ lui-même. « là où est ton trésor, là est ton cœur » (Mt 6, 21).

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